Huit jours après le déclenchement des hostilités par Israël, le président américain Donald Trump a porté atteinte à la souveraineté de l’Iran en ordonnant des frappes contre trois sites nucléaires, en dehors de tout cadre juridique international. Figure centrale du nationalisme d’État, le programme nucléaire iranien a vu ses origines remontées à la période pahlaviste, quand Mohammad Reza Shah avait considéré se doter de cette arme pour que l’Iran incarne à la fois une grande puissance régionale et mondiale.[1] Cependant, la révolution islamique avait pleinement remis en cause ce programme qui s’est vu rejeté durablement jusqu’à nos jours, quand le nouveau régime post-1979 se voulait combattre simultanément le « petit » et « Grand Satan ».
Le spectre du nucléaire iranien : entre dissuasion et légitimation du pouvoir
Dans cette guerre directe opposant Israël à l’Iran depuis le 13 juin 2025, Donald Trump considère qu’une riposte iranienne contre Israël constitue une atteinte à l’Amérique. En effet, plus de dix ans après avoir tenté de recentrer leur politique étrangère sur l’Indopacifique via le « pivot to Asia », les États-Unis voient ce nouvel embrasement régional freiner une fois encore cette réorientation, au moment même où Washington doit redoubler d’efforts pour sécuriser la principale région productrice d’énergie au monde. Le modèle américain du « rules-based order » semble ainsi en passe de vaciller, quand Washington contrevient aux principes du droit.
Le programme nucléaire iranien est perçu comme une menace à la domination américaine au Moyen-Orient.
De surcroît, le programme nucléaire iranien est perçu comme une menace à la domination américaine au Moyen-Orient. Comme l’analysait Kenneth Waltz en 2012 lors des négociations sur le nucléaire iranien, l’acquisition d’une bombe nucléaire permettrait à Téhéran de rééquilibrer l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient.[2] Si la rhétorique iranienne tend à affronter Israël, la construction d’ennemi permet de légitimer un projet idéologique, et protéger un régime, malgré tout fragile, qui a besoin de considérer une menace externe pour se renforcer de l’intérieur. Dans un de ses discours du 14 juin, Benyamin Netanyahu a insinué qu’un Iran nucléarisé contribuerait à proliférer cette arme à ses groupes d’influence au Moyen-Orient, à l’image du Hezbollah au Liban ou des Houthis au Yémen.[3] Concrètement, une telle prolifération semble peu plausible, compte tenu des contraintes logistiques strictes qu’impliquerait le transfert d’armes nucléaires, notamment pour éviter tout incident. Théoriquement en revanche, un Iran nucléarisé renforcerait la sanctuarisation du régime. Le transfert de cette capacité à des acteurs non étatiques ne ferait qu’accroître les pressions sur Téhéran, aussi bien de la part des puissances occidentales que de ses partenaires russes et chinois. Or, connaissant les rouages du système international, il apparaît hautement improbable que l’Iran, mû par une logique de survie, adopte une posture irrationnelle. Rappelons que l’arme nucléaire tire précisément sa spécificité de sa fonction dissuasive dans la mesure où elle est conçue pour ne pas être utilisée.
Vers un « regime change » ? Une pression multiforme sur la République islamique
Compte tenu d’un régime de plus en plus aux abois face au ciblage permanent des hauts dignitaires militaires et scientifiques, la République islamique semble en passe de vaciller avec l’enlisement de l’affrontement après les attaques permanentes conduites depuis le 13 juin. Si l’objectif initial des attaques israéliennes était de détruire le programme nucléaire iranien, la rhétorique israélo-américaine s’est durablement dirigée vers le changement de régime. Dans un message publié sur son réseau social Truth Social en date du 22 juin, Donald Trump a fait état « qu’il n’était pas politiquement correct d’utiliser le terme « changement de régime », mais si l’actuel régime iranien est incapable de rendre à nouveau l’Iran grand, pourquoi il n’y aurait pas de changement de régime ? ». Cette rhétorique conjointe entre Tel Aviv et Washington accroît le sentiment de vulnérabilité pour Téhéran. Dans ce contexte, Donald Trump pourrait être sensible à l’argument selon lequel les récentes offensives israéliennes à Gaza, au Liban, et désormais sur les infrastructures iraniennes, auraient considérablement affaibli la République islamique.[4] Cette lecture, défendue par certains responsables israéliens, comme Benyamin Netanyahu, soutient qu’il existerait une fenêtre d’opportunité stratégique pour durcir encore les pressions militaires et économiques, au-delà même de la politique de « pression maximale » menée lors de son premier mandat. Pourtant, la crainte d’un nouvel échec du « regime change » au Moyen-Orient constitue pour Washington un frein majeur à une politique plus agressive, de peur d’aggraver encore l’instabilité régionale.
La crainte d’un nouvel échec du « regime change » au Moyen-Orient constitue pour Washington un frein majeur à une politique plus agressive…
Dans cette dynamique de pression constante sur le guide suprême Ali Khamenei, les discours de plus en plus récurrents du fils du dernier Shah d’Iran, Reza Pahlavi, tendent à être interprétés comme un interventionnisme occidental afin d’imposer une figure favorable aux intérêts américains. Déjà en 1953, quand le Premier ministre Mohammad Mossadegh désirait reprendre le contrôle sur les richesses pétrolières iraniennes par la nationalisation, les États-Unis et l’Angleterre avaient perçu cette mesure comme néfaste à leurs intérêts, c’est pourquoi un coup d’État conjoint avait été diligenté par les services secrets américain et britannique, pour y refaire imposer la figure de Mohammad Reza Shah. 72 ans après cet affront au peuple iranien, cette volonté de « regime change » semble plus que jamais s’apparenter à une remise en cause de la souveraineté iranienne.
Depuis les attaques aériennes américaines contre trois infrastructures nucléaires iraniennes dans la nuit du 21 au 22 juin, la pression maximale qui s’abat sur Téhéran n’a jamais été aussi intense. Bien que circonspect à intervenir directement, au risque de connaître un embrasement régional et possiblement un Irak-bis, Donald Trump a autorisé cette opération afin d’instaurer « la paix par la force ». En dépit de cette action militaire, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait déclaré le 22 juin que « les États-Unis ne sont pas en guerre contre l’Iran ».
Un Golfe aux abois
Si l’acquisition d’un programme nucléaire à caractéristique militaire contribuera à sanctuariser le régime d’Ali Khamenei et la nation iranienne, la domination américaine et la confiance des monarchies du Golfe seront toutes deux amoindries. En mai 2025, Donald Trump avait considéré rebaptiser le Golfe persique en Golfe d’Arabie, suscitant la colère conjuguée du régime iranien et de sa population. Pourtant, moins de deux mois après l’évocation de ce projet, la mer séparant les deux rives du Golfe semble de plus en plus sous influence iranienne, alors que la menace de fermeture du détroit d’Ormuz — dont la sécurité est assurée conjointement par l’Iran et Oman — constitue un levier de pression stratégique pour Téhéran, aussi bien sur les puissances occidentales que sur les États arabes du Golfe. Si le parlement iranien a approuvé la fermeture du détroit d’Ormuz, à la suite de l’intervention américaine en Iran dans la nuit du 21 au 22 juin, la décision finale reviendra au conseil de sécurité nationale.
La fermeture du détroit d’Ormuz est une levier de pression stratégique pour l’Iran
En tout état de cause, une pression interne et externe risque des’accumuler sur les autorités iraniennes pour laver l’affront et reprendre l’initiative militaire. Cela explique pourquoi le Parlement iranien a recommandé la fermeture du détroit d’Ormuz. Si la décision est exécutée par l’Iran ou d’autres acteurs, l’économie mondiale sera confrontée à un défi majeur. En assurant le transit d’environ 20 millions de barils de pétrole par jour, le détroit d’Ormuz constitue le principal point de passage maritime du pétrole mondial. Sa fermeture signifierait une interruption de près de 20 % des exportations mondiales de pétrole, provoquant une envolée des prix sur les marchés internationaux. Utilisé comme arme de dissuasion, le détroit d’Ormuz constitue un outil central pour Téhéran afin d’influer sur les grandes puissances mondiales et régionales.[5] Pour autant, si la fermeture du détroit d’Ormuz devenait effective, l’Iran pourrait néanmoins autoriser le passage de navires sous pavillon chinois, à l’image de la stratégie sélective adoptée par les Houthis en mer Rouge.
Alors que les pays du Golfe avaient dévolu leur choix sur le candidat républicain lors de l’élection présidentielle américaine de novembre 2024 dans la perspective d’éviter un embrasement régional[6], la cobelligérance des États-Unis dans la guerre opposant Israël à l’Iran a été unanimement critiquée.
Les normalisations entre Israël et certains pays du Golfe, conclues par Bahreïn et les Émirats arabes unis, ou envisagé par l’Arabie saoudite, connaissent une ère de vacillement durable depuis le 7 octobre 2023. En effet, les États arabes du Golfe semblent ainsi pris en étau. D’un côté, entre l’Iran et Israël qui veut asseoir sa position hégémonique[7] et de l’autre face aux pays occidentaux qui étaient censés garantir leur sécurité, mais qui semblent aujourd’hui impuissants. Confronté à cet équilibre fragile, la sécurité collective régionale semble de plus en plus être assujettie au devenir de possibles répercutions iraniennes, qui conduisent les capitales de la région à témoigner de leur volonté de désescalade. En effet, comme en témoigne Clément Therme : « cette normalisation, bien que fragile, complique les marges de manœuvre de ces acteurs tiraillés entre le souci de ne pas fragiliser les équilibres nouvellement établis et la crainte persistante d’une contagion de l’escalade militaire irano-israélienne à l’ensemble de la région ».[8] Pour rassurer quelque peu les pays du Golfe d’un embrasement régional, le président américain s’engage à éviter le ciblage des infrastructures pétrolières iraniennes dans le Golfe persiquepar l’aviation israélienne, et l’interruption des attaques israéliennes sur le site gazier de Bouchehr, dont le gisement est partagé avec le Qatar.
Cela étant, l’Iran a ciblé la base militaire américaine d’Al Hudeid au Qatar le 23 juin, en réponse aux attaques américaines en Iran. Les monarchies du Golfe sont ainsi dans une situation de vulnérabilité plus que présente, alors qu’elles constituaient un modèle de stabilité au Moyen-Orient. Si les missiles survolant la capitale du Qatar ont été interceptés avec succès, Téhéran utilise la symbolique de cette action pour montrer les éventuels effets destructeurs d’un conflit à plus large échelle. La fermeture de l’espace aérien de ces pays constitue à la fois une perte économique et une inquiétude profonde chez les résidents, ainsi que pour les touristes qui envisagent de venir. En conjuguant à cela la fermeture effective du détroit d’Ormuz, les États du Golfe seraient dans une vulnérabilité extrême. La désescalade a été ainsi un mécanisme prôné conjointement par les pays du Conseil de Coopération du Golfe.
L’illusion du droit : l’Occident face à ses contradictions
La décision unilatérale de Donald Trump de déclencher des frappes contre des infrastructures stratégiques iraniennes constitue une violation manifeste de la War Powers Resolutionde 1973, d’autant plus qu’aucune attaque contre les États-Unis n’avait été recensée. Par cette action, le président outrepasse les prérogatives du Congrès, ranimant les débats sur l’équilibre des pouvoirs en matière de guerre et de paix. D’une part, la cobelligérance américaine fragmente le camp républicain alors que de nombreux membres de l’administration américaine y était fermement opposé en raison de leur isolationnisme, à l’image du vice-président J.D.Vance.
Même du côté occidental, la tendance est à l’appréhension après s’être mué à un jeu trouble dès le 13 juin. Si les pays européens s’étaient précipités le jour de l’attaque israélienne contre l’Iran pour affirmer le droit d’Israël à se défendre, ils plaident en faveur d’une reprise de négociation et l’option zéro l’enrichissement. Le président français s’était exprimé en faveur de la diplomatie, avant les attaques américaines sur les installations nucléaires iraniennes. Malgré le changement de position de certains pays européens, leur disqualification semble actée. Dès lors, la perception des pays du Sud tend à indiquer que les Européens s’accommodent davantage à lanormalisation de la violation du droit international.
L’effet boomerang : une radicalisation du régime iranien ?
Par conséquent, cette intervention américaine dans la guerre entre Israël et l’Iran risque de renforcer l’aile radicale en Iran face à la modérée, partisane de la négociation et du dialogue avec Washington. Plus que jamais, face à l’assaut combiné du « petit » et « Grand Satan », l’accélération du programme nucléaire iranien est une option plus qu’envisageable[9] ainsi que la réactivation des acteurs régionaux liés à l’Iran compte tenu de la vulnérabilité interne du régime qui se sent légitimement menacé face à ces attaques venues de l’étranger.[10] Il conviendra ainsi d’évaluer dans quelle mesure les frappes ciblées ont durablement affecté les capacités du programme iranien, et combien de temps il faudra à la République islamique pour le relancer.
De surcroît, la tentation nucléaire est susceptible de toucher d’autres États du Moyen-Orient dans la mesure où un programme nucléaire avancé constitue la meilleure protection du pouvoir. La Turquie pourrait ainsi envisager de développer son propre programme nucléaire, face à la menace hégémonique croissante que représente Israël dans un avenir proche.
Israël et l’après-régime : reconfigurer l’équilibre régional par la force
L’intervention américaine en Iran a été accueillie plus que favorablement du côté du Premier ministre israélien, qui a salué l’action offensive de son partenaire américain. Il n’en demeure pas moins qu’Israël est désormais tenté par une implication plus large de Washington, à la fois en poursuivant la guerre qu’en cherchant une issue politique post-régime. Au-delà de la rhétorique d’un changement du Moyen-Orient, l’objectif pour Israël est désormais de détruire toutes les capacités militaires iraniennes, en démantelant ses installations balistiques et en mettant fin à la dissuasion pour transformer le pays en un « ciel ouvert » pour l’aviationisraélienne.
Benyamin Netanyahu désire reconfigurer le Moyen-Orient post-7 octobre, avec comme effet collatéral l’embrasement dela région, affectant durablement les Occidentaux comme les États de la région.
La vague de bombardements passés posera la question de l’absence de la stratégie politique en vue d’une sortie de crise. Cette impasse est perceptible à Gaza, au Liban et ailleurs : comment traduire la domination militaire en succès politiques ? En effet, après quasiment deux années de guerre permanente, Benyamin Netanyahu désire reconfigurer le Moyen-Orient post-7 octobre, avec comme effet collatéral l’embrasement dela région, affectant durablement les Occidentaux comme les États de la région.[11]
Entre Moscou et Pékin : calculs opportunistes et prudence stratégique
D’autres questions se posent vis-à-vis des partenaires de l’Iran. Bien qu’ayant condamné les attaques, la Russie et la Chine ont adopté une posture réservée à l’égard de leur partenaire iranien. En dépit du traité stratégique signé avec la Russie en janvier 2025 et ratifié le 16 juin au parlement iranien, l’assistance russe auprès de son partenaire iranien a été limitée, pouvant alors remettre en cause certains fondamentaux de cette alliance.[12] Téhéran espère malgré tout un engagement plus croissant de la part de Moscou et Pékin à l’avenir.
D’un côté, la normalisation de la violation du droit international encourage la déviance normative dans le système international dans la mesure où Moscou perçoit les attaquesaméricaines à l’encontre des infrastructures nucléaires en Iran comme une aubaine pour accroître ses frappes sur l’Ukraine.[13]De l’autre, Pékin est conscient que l’enlisement américain en Iran pourrait impacter durablement le regard asiatique porté par Washington à travers le projet de « pivot vers l’Asie » enclenché en 2011. Un enlisement américain en Iran permettrait ainsi d’affaiblir l’Amérique.
Un cessez-le-feu sous tension : entre diplomatie forcée et menaces persistantes
Bien qu’un cessez-le-feu ait été adopté dans la matinée du 24 juin, sa pérennité est légitimement à questionner. Conclu grâce à la médiation du Qatar, après 12 jours de guerre, la République islamique a, par réalisme, accepté la diplomatie pour protéger son régime. Cependant, l’esprit de vengeance ne cessera de s’accroître auprès des élites militaires face à ces attaques massives de la part des ennemis israélien et américain.[14] Après seulement quelques heures d’application, Israël a affirmé que le cessez-le-feu avait été rompu par l’envoi de missiles balistiques iraniens. Cependant, le cessez-le-feu lui-même illustre une asymétrie flagrante. L’Iran devait cesser ses frappes six heures avant Israël, qui disposait de douze heures supplémentaires pour poursuivre ses opérations. Cette temporalité déséquilibrée, imposée par Washington, entame la crédibilité de l’accord et renforce le sentiment d’injustice côté iranien.[15]
Ainsi, au vu de la montée des tensions entre les deux pays, un respect strict des deux côtés semble particulièrement difficile. Bien que le régime iranien semble avoir transigé avec les termes du cessez-le-feu, les ministres extrémistes du gouvernement Netanyahu pourraient néanmoins favoriser une reprise des hostilités, invoquant les dégâts causés par les missiles balistiques et hypersoniques tirés sur Israël depuis le 13 juin.
La reprise du programme nucléaire par Téhéran pourrait à nouveau accroître la position offensive d’Israël
Si l’objectif premier de Benyamin Netanyahu a été atteint, à savoir un engagement américain pour détruire les infrastructures nucléaires iraniennes, des questions restent néanmoins en suspens. L’étendue des dégâts dans celles-ci n’est pas encore connue, et des zones d’ombres subsistent sur l’uranium enrichi qui aurait pu être transféré vers des sites non déclarés. La reprise du programme nucléaire par Téhéran pourrait à nouveau accroître la position offensive d’Israël. Après avoir pris le contrôle de l’espace aérien iranien en juin 2025, les autorités militaires et politiques israéliennes pourraient considérer reprendre leurs offensives à l’avenir au vu des succès rencontrés par l’aviation israélienne.
Le deuxième objectif du changement de régime n’a cependant pas rencontré les succès espérés. Si Netanyahu affirmait que certaines figures du régime iranien étaient sur le point de faire défection, sapant ainsi l’appareil militaire du pouvoir, des contenus audios publiés par le Washington Post le 23 juin révélaient en réalité des menaces d’assassinat proférées par des agents du Mossad à l’encontre de haut-gradés iraniens.[16]Cela s’apparente donc à des défections orchestrées sous la contrainte, bien loin d’un mouvement massif tel que le Premier ministre semblait vouloir le suggérer. Bien que ce deuxième objectif de guerre n’ait pas abouti, une chose est certaine : au moindre signe de vulnérabilité du régime iranien, Israël n’hésitera pas à saisir l’occasion pour infliger le coup fatal à la République islamique, dirigée par Ali Khamenei depuis 1989.
Si le cessez-le-feu semble tenir en date du 26 juin, deux jours après son entrée en vigueur malgré une première violation, son maintien dans la durée demeure incertain, en raison de la radicalité des gouvernements israélien et iranien. Pourtant, les États du Golfe, fortement exposés aux retombées économiques et sécuritaires d’un conflit prolongé, ont réagi avec une rare fermeté face à l’escalade. Leur volonté de préserver la stabilité régionale reflète non seulement des intérêts économiques essentiels, mais aussi leur rôle central dans l’équation stratégique de Donald Trump. Pour ce dernier, ces monarchies restent des partenaires essentiels, à la fois alliés militaires et relais d’une normalisation régionale. Leurs efforts diplomatiques, menés notamment par le Qatar et Oman, pourraient dès lors peser dans la consolidation d’une trêve fragile, à condition que Washington et Tel Aviv acceptent de contenir toute nouvelle provocation.[17]
M.F.
Bibliographie
[1] BANUAZIZI Ali. « The Crossing Paths of Religion and Nationalism in Contemporary Iran » in ROUHANA Nadim N., SHALHOUB-KEVORKIAN Nadera (ed.). When PoliticsAre Sacralized. Comparative Perspectives on ReligiousClaims and Nationalism. Cambridge, Cambridge UniversityPress, 2021, pp. 247-267
[2] WALTZ Kenneth N. « Why Iran Should Get the Bomb ». Foreign Affairs, Vol. 91, Vol. 4, juillet/août 2012
[3] Discours de Benyamin Netanyahu, 14 juin 2025 (https://www.youtube.com/watch?v=FEgleMW3Sq0)
[4] ABIDI Hasni. « Donald Trump, acte II : à quoi ressemblerait sa politique étrangère au Moyen-Orient ? » in ABIDI Hasni(dir.). Le Moyen-Orient selon Donald Trump. Paris, Éditions Erick Bonnier, 2025, pp. 28-29
[5] PAGLIA Morgane. « Détroit d’Ormuz : la guerre des nerfs ». Politique étrangère, Été, 2021, pp. 139-150
[6] DAZI-HÉNI Fatiha. « Les pays du Golfe et l’administration Trump 2.0 » in ABIDI Hasni (dir.). Le Moyen-Orient selon Donald Trump. Paris, Éditions Erick Bonnier, 2025, pp. 119-135
[7] NASR Vali. « The New Balance of Power in the Middle East ». Foreign Affairs, 10 juin 2025
[8] THERME Clément. « La guerre israélo-iranienne : entre dynamiques internes et dimensions régionales ». Centre arabe de recherches et d’études politiques (CAREP), 18 juin 2025 (https://carep-paris.org/recherche/varia/la-guerre-israelo-iranienne-entre-dynamiques-internes-et-dimensions-regionales/)
[9] FRITSCH Maxime. « Anatomie d’un affrontement : Israël-Iran au cœur du chaos régional post-7 octobre ». Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen(CERMAM), 16 juin 2025 (https://cermam.org/fr/anatomie-dun-affrontement-israel-iran-au-coeur-du-chaos-regional-post-7-octobre/).
[10] HAGE ALI Mohamad. « The United States Has Attacked Iran’s Nuclear Facilities ». Carnegie Endowment, 23 juin 2025 (https://carnegieendowment.org/middle-east/diwan/2025/06/the-united-states-has-attacked-irans-nuclear-facilities?lang=en).
[11] PINFOLD Rob Geist. « How Israel’s Dangerous New Grand Strategy Has Set Mideast on Fire ». Middle East Council on Global Affairs, 19 juin 2025(https://mecouncil.org/blog_posts/how-israels-dangerous-new-grand-strategy-has-set-the-middle-east-on-fire/)
[12] SMAGIN Nikita. « New Russia-Iran Treaty Reveals the Limits of Their Partnership ».Carnegie Endowment, 21 janvier 2025 (https://carnegieendowment.org/russia-eurasia/politika/2025/01/russia-iran-strategic-agreement?lang=en)
[13] SMAGIN Nikita. « Could Russia Use the Israel-Iran Conflict to Its Advantage ?». Carnegie Endowment, 19 juin 2025 (https://carnegieendowment.org/russia-eurasia/politika/2025/06/russia-iran-partnership-future?lang=en¢er=russia-eurasia)
[14] MIKAÏL Barah. « Implications régionales et internationales des conflits vengeurs au Moyen-Orient ». Confluences Méditerranée, Vol. 131, No. 4, 2025, pp. 19-21
[15] WALSH Joe, et al. « Israel-Iran ceasefire in effect, Trump and both nations say ». CBS News, 24 juin 2025 (https://www.cbsnews.com/news/trump-israel-iran-ceasefire/)
[16] STROBEL Warren P., et al. « Israeli warning call to top Iranian general: ‘You have 12 hours to escape’ ». The Washington Post, 23 juin 2025 (https://www.washingtonpost.com/national-security/2025/06/23/exclusive-israel-intelligence-iran-call-audio/)
[17] CAFIERO Giorgio. « Why Gulf states could be key to a lasting Iran-Israel ceasefire ». The New Arab, 26 juin 2025 (https://www.newarab.com/analysis/why-gulf-states-could-be-key-lasting-iran-israel-ceasefire)